Sur la mort d’O’Callaghan

La généalogie

La généalogie du défunt est une figure imposée des élégies mortuaires. Celle d’O’Callaghan contient 96 lignes de fils de…, fils de… Comment O’Rathaille, auteur de poèmes parmi les plus belles de la littérature gaélique, peut-il rédiger un tel nombre de lignes lassantes ?

Dans Je n’appellerai pas à l’aide, je fais répondre O’Rathaille à cette question devant ses élèves : le patronyme est le siège de l’honneur familial et du sens d’appartenance. À l’époque de la rédaction, l’ancien ordre gaélique est déjà cassé, piétiné par des aventuriers parvenus sans noblesse apparente, c’est-à-dire qui ne cherchaient pas l’harmonie féodale avec les paysans et ne soutenaient pas les musiciens et lettrés gaéliques.

Malgré la musicalité de cette élégie, elle ne semble pas destinée à la récitation ; elle ressemble plutôt d’un tombeau poétique, destiné à être consulté à certaines occasions par la famille O’Callaghan, et aussi un objet d’étude pour les générations futures. La généalogie est tracée par la principale fée de Munster, sur demande de Jupiter. En remontant jusqu’à Adam, O’Rathaille insiste sur les vertus nobles et viriles des ascendants de Donall O’Callaghan. Il souligne les valeurs de l’ancien ordre gaélique dont il est si nostalgique : courage, hospitalité, commandement, générosité, etc. Il pose aussi les mythes de la fondation du peuple gaélique en Irlande, issu des Milésiens venus d’Espagne et remontant jusqu’aux Scythes. O’Rathaille avait sans doute appris la descendance probable des Scythes de Magog, petit-fils de Noé. Entre Magog et Adam, la généalogie suit le Livre de la Genèse (sauf en la substitution de Japeth pour Jéred).

En plein nivellement de la société par la ploutocratie conquérante, O’Rathaille pose un pilier vertical, monolithe indestructible, reliant son vécu à la cosmogonie.

La vie au château

Dix belles strophes décrivent comment O’Callaghan menait grand train. Parmi les soies et satins, la bonne chère et les boissons en abondance, on joue de la musique et des parties d’échecs, on chante, on discute et on chasse ; partout et toujours, on trouve la bonhomie, le mécénat et la munificence de l’ancienne classe aristocrate. Empli de nostalgie, ce n’est pas seulement un témoignage historique de la part d’O’Rathaille, c’est son crédo.

La nature

Dans toutes les élégies, la nature pleure la mort d’un grand homme. Ici, nous entendons les hurlements des trois vagues légendaires de l’Irlande, en plus des lieux et rivières liés à la famille O’Callaghan. On remarque que les éléments naturels (vagues) sont la « propriété » d’un être surnaturel : derrière les phénomènes naturels, il y a un phénomène surnaturel. Pour O’Rathaille, il n’y avait pas de contradiction entre sa chrétienté et ses croyances aux êtres surnaturels traditionnels. Il énonce clairement dans la dernière ligne de son dernier poème : Mes pères servirent les leurs avant la mort du Christ. Je ne crois pas que l’on puisse en déduire un syncrétisme et encore moins un relativisme, même dans un poème où Jupiter demande à une fée de raconter la généalogie en remontant jusqu’à Adam. Dieu a créé le monde, y compris les fées et puissances surnaturelles. Quarante ans après O’Rathaille, le poète Eoghan Rua O’Súilleabháin, dans une élégie, réprimande la fée pour ne pas avoir empêché la mort d’un prêtre ; la fée répond qu’elle ne pouvait rien, puisque c’était la volonté de Dieu : le pouvoir des fées est circonscrit par les desseins de Dieu.

Métrique et harmonie

C’est encore, comme tant d’élégies, un long poème de quatrains avec la même rime féminine (paroxytonique) ultime en /ó/ pendant 268 lignes, et une composition harmonieuse de voyelles accentuées. Les pieds variés apportent une tension à la déclamation et augmentent la puissance émotionnelle. Voici le système métrique, appuyé sur les voyelles accentuées, des deux premiers quatrains :

/aï/ – /i/ – – /i/ – /ó/ –

/aï/ – /á/ – /á/ – /ó/ –

/á/ – /aï/ – /aï/ – /ó/ –

– /a/ – /ú/ – – /ú/ – – /ó/ –

/u/ – /i/ – /i/ – – /ó/ –

– /á/ /a/ – /a/ – – /ó/ –

– /é/ /ú/ – – /ú/ – /ó/ –

– /ú/ /a/- – /aï/ – /ó/ –

Enfin, pour rendre honneur à la ligne « Des mélodies jouées harmonieusement sur des harpes », voici quelques mesures de La marche de Brian Boru jouée par Judith Moucha, 2023

Sur la mort d’O’Callaghan

Mort à Thresherstown le 24 août 1724

Une flèche acérée venimeuse perce l’esprit du pays de Fódla[1],

Une flèche pesteuse traverse le centre de son cœur,

Une peine sans remède et l’embrasement d’une torche

À travers les cinq provinces : les nouvelles sont lugubres.


La fleur de Munster gît déchu,

Favori de Banba[2], ami des voyageurs,

Leur seul œil, leur bien-aimé, leur espérance,

Et leur chien de lutte contre l’ennemi que l’on exaltait.


Sa mort inflige aux frères une blessure vive,

Le massacre incalculable du clergé s’accroît ;

Voyez l’annonce de la destruction des poètes

Par la force de l’orage qui court sur les nuages.


Voici la raison de ce phénomène sombre et pénible :

L’étoile protectrice du pays et des provinces,

Le faucon des faucons et le scion de sang noble,

Est parti au tombeau dans la fleur de l’âge.


L’héritier de Callaghan de Cashel, modeste et vaillant,

Roi digne et grand prince de trois royaumes,

L’amour d’Erin, le champion des lions,

Est à Kilcrea, sous une grande pierre tombale grise.


Ses armoiries, dessinées en or —

Un loup courroucé, violent et vif,

Quittant l’orée de la forêt en course rapide,

Et partant à la chasse sur les plaines de Fódla —


Sont tendues au-dessus de la sépulture du héros,

Comme un abri qui protège la tombe de la rose pure,

Il n’y a plus des battements de main autour de lui,

Ni la clameur de sa bande qui le suivait le soir.


La Vague de Cliona[3] a fait un bond très fort,

La Vague de Ruairí porte le voile triste,

La Vague de Tuaighe l’appelle en pleurs,

Ainsi que Casán des Fitzmaurice et la Vague de Tóime.


La Vague de Téide[4] a hurlé bruyamment,

Ainsi que les noues et les deux rives de la Blackwater,

La Liffey se lamenta dans les hauteurs,

Ainsi que la Flesk vorace, arborée et abondante en noisettes.


La Roughty proclama ses grandes lamentations,

Ainsi que le palais de Bonn Inis et le palais de la Boyne,

Le palais des rois, le palais royal de Boru,

Le palais de Dublin aux grands voiliers puissants.


Les fées des belles plaines d’Eoghan hurlèrent,

Une forte lamentation resonna dans le palais des fées de Cruachan,

Dans le palais de Conall, aux compagnies harmonieuses,

Et dans le palais des fées de la déesse Maeve, tous pleuraient de douleur.


La fée Cliona raconta son histoire :

Elle dit que Donall était le faucon des Gaëls d’Erin,

Leur champion d’héroïsme, leur lame de guerre,

Leur tête du pays, leur roi, leur grand prince ;


Leur soleil en hiver, leur glaive, leur lance de combat,

Leur hache d’épaule, leur acier très pur,

Leur chef de droit, de la race d’Eoghan,

La source de toute leur généalogie, et leur Pierre Philosophale ;


Leur Oscar fort et la tête de leurs légions,

Leur pourvoyeur toujours et leur champion,

Leur chef protecteur et l’abri de leur bétail,

Leur Mars fort et leur étoile de repère.


Il était la vision même de leurs yeux, leur vigueur et leur lumière,

Leur étendard de bataille qui protège dans le jour clair,

Le remède pour leurs infirmes, leur casque et leur lance d’or,

Leur arbre odorant, leur chéri et leur plus grande force.


Cliona dit — son récit est exacte :

Eibhir de Finn, l’ancêtre de Donall,

Le premier roi de Gaëls — sa connaissance n’est pas erronée —

Fut l’ancêtre des enfants du fils de Bile, fils de Brogan.


Elle dit : j’ai vu, dans son manoir royal et musical,

Des soies mouchetées, et des drapeaux de satin pur,

Des épées que l’on rodait, des infirmes qui buvaient l’hydromel,

Et des guerriers qui jouaient au jeu d’échecs ;


Des cuisines que l’on allumait le matin et le soir,

Le duvet trié par des jeunes filles blondes,

Du vin que l’on ouvrait et buvait, et de la joie,

De la viande sur des brochettes et du whiskey sur la table ;


Des groupes cheminant sans chagrin jusqu’au manoir célèbre,

Des groupes tombants, aux pouls rapides,

Des groupes enivrés sans déranger leurs voisins,

Des groupes exubérants discutant à hautes voix ;


Un parfum fragrant et dense répandu

Par l’haleine tendre de l’orchestre de cornes

Des souffles rapides et constants exhalés

Par les nobles qui refoulaient l’ennemi sur le champ de bataille ;


Des mélodies jouées harmonieusement sur des harpes,

Les savants et les érudits lisant des histoires,

Qui traitaient sans erreurs des ordres du clergé

Ainsi que de chaque grande famille que comptait l’Europe ;


Des portes grandes ouvertes sur des cours ambrées,

De la cire qui illuminait chaque mur et chambre,

Des tonneaux que l’on ouvrait pour la compagnie à chaque moment,

Et cette dégustation ne connaissait aucune décrue ;


Des chevaux étaient offerts là aux érudits du pays de Fódla ;

Une course de chevaux forts attelés en paires sur la colline,

Des fantassins en attaque, et une abondance de bière

Dans les gobelets d’argent massif très pur.


Fréquent, dans ce pré, fut le son des sportifs ;

Le cri haut de la chasse sur les pentes des collines brumeuses,

Des renards réveillés pour eux, et des cerfs cuivrés,

Des lièvres sortant des longues herbes, des poules d’eau et des grives ;


Le gibier à plumes fuyait avec grande force,

Ainsi que des faisans, sauvages et bruyants,

La meute du prince et ses hommes fatigués

Après leur course contre les pentes des collines brumeuses.


Douleur sans soulagement, c’est une grande tristesse pour moi,

Que sur le pré le choucas craille sans cesse,

Que le bruit des étrangers sonne fort dans le manoir d’or,

Là où il y avait la rumeur des joueurs d’échecs.


Cliona dit, du haut de son rocher clair ambré,

Qu’il ne seyait pas de célébrer sa parenté avec tel grand prince,

Avec tel roi, même le plus excellent, en Bretagne ou en Flandres,

En France, en Angleterre ou dans la ville de Rome,


Parce qu’il était lui-même un Phénix et un grand prince,

Une pierre du cristal le plus clair d’Europe,

Une escarboucle sans noirceur ni tache,

Un héros-roi, un faucon-roi, un chef-roi de la province.


Une branche royale et noble, descendant de guerriers,

Par qui bourgeonne le blé de Banba vaillant,

Un arbre sans houx ni ronces près de lui,

Ni prunellier pauvre ni bois tordu brûlé.


La Pierre de Fál[5] poussa un cri fort triste,

Lorsque son front si beau fut mis en terre,

Et sa bouche fine, sa langue, sa voix,

Son avant-bras musclé, sa joue comme le porphyre,


Et sa poitrine claire, vigoureuse, forte,

Ses douces paroles, sa famille, sa jeunesse,

Son sein nu, sa taille, son teint vif,

Ses blancs doigts, sa personnalité, sa grandeur.


Lorsqu’est né ce Donall, chef de clan,

Mars donna une lance de combat à l’enfant,

Les cieux et la terre et les nuages furent en paix,

L’air et les étoiles, le ciel et la grande mer.


Le soleil lui donna sagesse sans bornes,

Noblesse d’esprit pour répandre et pour cueillir,

De l’héroïsme sans défaut pour la plus pure perle,

Raison et entendement, mémoire et vivacité.


Mercure lui donna un secret seyant,

Des joyaux de roi en abondance, sans compter,

Force et hospitalité et pureté et splendeur,

L’héroïsme comme partenaire et le courage d’un lion.


Pan donna, comme cadeau à Donall,

Le bâton du pâtre et de la cire sans vice,

Une clarté comme la rosée et une gloire sans déchéance,

Une raison pure exacte, et l’habilité des doigts.


Nérée donna au géant des armées

La commande avec courage, au bord de l’océan,

Neptune lui donna un bateau sous voile,

Et Océanus un vaisseau sur la mer.


La déesse de la richesse accorda une part :

Ceres, la prospère, lui donna abondance sur la terre,

Miel et herbe et de la cire sans corruption,

Sur chaque sol que foulerait le pied de Donall.


En matière de droit, Boltán le juste n’était pas plus fin

Que ce roi de la première famille de Scota,

Des lois nobles, équitables, pures, gracieuses aux voisins,

Etaient édictées par le Chef d’Inishmore.


C’était un Éson calme, sans grossièreté dans ses paroles,

Donall fut le noble fils de Doncha et issu de Doncha,

Et de Cahir Modartha, soutien des errants,

Roi-aumonier de la partie ouest de l’Europe.


Fils de Callaghan viril, animé, vif,

Fils de Conor l’illustre qui était féroce et vaillant,

Fils de Doncha, fils de Tadhg, la force au service des savants,

Fils de Conor Loinigh qui ne montra pas de faiblesse,


Fils de noble Doncha, havre des très indigents,

Fils de Kennedy le Beau qui était un chef de province,

Fils de MacCrath qui reçut l’honneur dans sa jeunesse,

Fils de Maolsheachlann qui pilla le pays d’Eoghanacht.


Fils de Lochlann qui n’a jamais cédé dans la bataille,

Fils de MacCrath qui n’était pas faible à la lutte,

Fils de Maghaman le Beau, sage et vaillant,

Fils de Murcha fils d’Aodh des brandons de combat.


Fils de Kennedy Rouge qui chassait les troupes,

Fils de Callaghan le Beau, sage, fils de Donall,

Fils de Murcha puissant, le chef des grands princes,

Fils de Doncha qui obtint justice par son courage.


Le chagrin de mon cœur, dit la puissante Cliona,

Est cet effondrement, fatigant, attristant,

Tout Thomond lamente jusqu’à Burren des grandes pierres

Et Drumaneen lamente en larmes.


Palice est navré, affaibli et chagriné,

Ainsi que Balinteer, d’habitude toujours en fête,

Et Culroe est mélancolique le soir,

Et à Drumrastil les torches ne s’allument pas.


Le grand Jupiter, le protecteur, supplia

Cliona maussade, qui était douce avec les errants,

De lui raconter la généalogie du roi

Puisque c’est elle qui tient le livre du savoir.


Le père de Callaghan, aimé de ses parents,

Fut Buachan le doux, raconta la belle Cliona,

Fils de Lachtna le fort, plein de vaillance, bon vivant,

Fils de Argaile, habile roi de cinq provinces,


Fils de Sneagusa, fils de Donnaile extrêmement fort,

Fils d’Aongusa, roi diligent, paré de bijoux,

Fils de Colgan le courbé qui entourait Rome,

Fils de Failbe Flann de Tara qui fit grande destruction,


Fils d’Aodha noir, roi de Munster, vaillant,

Fils de Criothain le doux, fils de Féilim le musical,

Fils d’Aongusa, roi diligent, abondant en chambres,

Fils de Nodfraoich qui ne fut pas vaincu en bataille,


Fils de Corc de Cashel des chevaux dirigés,

Fils de Luideach, fils d’Oilill qui donna des bijoux en cadeau,

Fils de Fiacha Maol qui n’était pas timide, fils d’Eoghan,

Fils du noble Oilill Óluim, actif, leste et agile,


Fils de Mogha Nuadat qui reçut la moitié de Fòdla,

Fils de Mogha Néid qui ne refusait pas de donner combat,

Fils d’Eanna Dherg, fils de Derg des voiles,

Fils d’Eanna Muncaon le bien-aimé des jeunes femmes,


Fils de Mogha le fort qui pilla cinq provinces,

Fils de Mogha Féibis, généreux avec les errants,

Fils d’Eacaid l’honorable, le beau, de belle mine,

Fils de Duach qui aveugla Deaga son parent,


Fils de Cairbre Lurc, la générosité très pure,

Fils de Lugaid Luaigne qui était orgueilleux et vociférant,

Fils d’Ionnamair, fils de Nia, allaité par les biches de Fódla,

Fils d’Adamair à la chevelure agréable, à l’œil clair, très pur,


Fils de Mogha Curb, fils de Fear Curb très fort,

Fils de Cabta le doux, le guerrier gracieux,

Fils de Reacta le tendre, fils de Lugad Lóige,

Fils d’Oilill le grand qui était tranquille de mine,


Fils de Lugad le rouge aux traits sans taches de rousseur,

Fils d’Oilill Uairceas descendant des grands princes,

Fils de Luigdeac Iardon, grand de poitrine, courageux,

Fils d’Eanna Claon qui était féroce et énergique,


Fils de Duach Finn, jamais vaincu en bataille,

Fils de Séana Ionaraid, festoyeur, musical,

Fils de Breisrig des dignes hommes de Munster

Fils d’Art Imlig, brillant et aérien,


Fils de Féilim le bon gouverneur, fils de Roiteacta le vif,

Fils de Roán le pur qui attaqua la province,

Fils de Fáilbe bien fait qui était le secours de ses voisins,

Fils de Cas le généreux, au haras et aux fêtes,


Fils du cher Aildeascad le fidèle qui eut connaissances et savoir,

Fils de Muineamun, Fils de Cas, la force de chaque errant,

Fils d’Irirea, fils de Fionn, savant gouverneur,

Fils de Roiteacta, fils de Ros qui livra bataille,


Fils de Glas, fils de Nuad des très longues razzias,

Celui que l’on appelait le Roi des Irlandais,

Fils d’Eocad le tranchant, vif en bataille,

Fils de Conmaol qui était droit et vif de corps,


Fils d’Eibhir Finn, fils de Míleadh le puissant,

Grand roi calme d’Espagne, ce héros,

Fils de Bil le doux, le noble, fils de Brogan,

Fils de Bratha, qui bâtit une tour que l’on n’a pas détruit,


Fils de Deodata qui n’était pas lâche dans le conflit,

Fils d’Aireada bienveillant qui fit le tour de l’Europe,

Fils d’Allód fier, noble et extrêmement fort,

Fils de Nuadat, fils de Nenvall qui était leste,


Fils d’Eibhir Glun-binn aux troupes gaies et puissantes,

Fils d’Anaman fortuné, vaillant, habile et savant,

Fils d’Eibhir Glúinfinn à la chevelure jaune ambré,

Fils de Láimhfinn qui était gai de cœur et beau,


Fils d’Adamun, fils de Tot qui pratiquait le combat,

Fils de Beogann le féroce, roi et grand prince,

Fils d’Eibhir Scut qui pillait à travers la mer,

Et qui était roi en Scythie, toujours généreux et vif,


Fils de Srú, fils d’Easrú des armées,

Fils de Gaoil Glas qui était champion de combats,

Fils de Niul, fils de Féineas le puissant,

Fils de Beath qui n’était pas accoutumé aux jurons,


Fils de Magog le doux, fils de Iaphet le vif,

Fils de Noé dans l’abri de l’arche,

Fils de Laimec qui vécut un long terme dans le monde,

Fils de Metusalem qui était longtemps en forme mortelle,


Fils de Enoch le doux qui ne méritait pas les reproches des voisins,

Fils d’Iaphet[6], fils de Malalet le vivace,

Fils d’Enos, fils de Seth dont le manteau n’était pas petit,

Fils d’Adam le sage, qui pensa le grand mal.


Il n’y a pas de génération à raconter d’Adam à Donall,

Sans grands rois qui régnaient sur le monde :

Des rois de territoires et des rois de provinces,

Chefs généreux, seigneurs et héros.


L’Epitaphe

L’hospitalité, et le courage, et la gaieté, et la renommée sans douleur,

Et les traits soignés les plus purs, les plus nobles, et l’estime,

Le Phénix de tout Munster, sa tour et sa force —

Voilà celui qui gît déchu sous tes flancs, et c’est affligeant, ô pierre !


[1] Une des noms de l’Irlande

[2] Autre nom pour l’Irlande

[3] Trois vagues célèbres des côtes irlandaises : Vague de Cliona à Glandore (Co.Cork), Vague de Ruairí (Dundrum, Co. Down), Vague de Tóime (Castlemaine, Co. Kerry) ;

[4] Autre nom pour la Vague de Cliona

[5] Pierre légendaire qui crie pour acclamer le véritable roi d’Irlande

[6] Ecart par rapport à la généalogie dans le Génèse 5.1-32, qui donne Jéred et non Japeth